Warner Music Piotr Anderszewski - Mozart: Piano Concertos 21 & 24, CD Classique

Anderszewski est l'un des personnages les plus notables de la scène musicale actuelle et a toujours quelque chose à dire sur tout ce qu'il joue, intelligent et original. Ce couple de performances est typique de son travail. Il plaira certainement à beaucoup et irrite probablement certains puristes en même temps. La qualité d'enregistrement est excellente tout au long et transmet fidèlement la conception d'Anderszewski.

Il est curieux que le disque commence par le plus tardif des deux concertos. Le thème orchestral tutti initial est puissant avec un rythme marqué renforcé par des baguettes de grosse caisse sur les timbales. Il ne fait donc pas surprise lorsque le piano entre si très doucement, presque introspectivement, et joue d'une manière qui ralentit légèrement pour mettre en valeur une phrase expressive. L'orchestre à ce moment-là semble être fortement « classique » dans la période et le piano semble passer au plus expressif « romantique ». Le contraste est tel qu'on se demande si les deux époques sont vraiment compatibles.

À mesure que les deux performances continuent, on observe régulièrement ce type de contraste, avec le pianiste prenant toutes les occasions pour maximiser la portée expressive d'un moderne Steinway et l'orchestre faisant la même chose avec des passages tutti très puissants mais avec d'autres passages très délicats. Le dialogue entre le piano et l'orchestre est parfois comme un dialogue entre deux protagonistes plutôt que deux coéquipiers. C'est plus proche de la période « romantique » dans son approche et ne plaira pas à tout le monde donc.

De mon propre point de vue, j'ai apprécié beaucoup cela et ai trouvé les premières mouvements dramatiquement intéressants, les mouvements lents étaient attirants et lyriques et les deux derniers mouvements étaient positivement exhilarants avec des passages scintillants de travail entre le pianiste et les membres de l'orchestre. Il faut souligner à ce point que la coordination entre l'orchestre et ses membres individuels, Anderszewski et son jeu de piano est un exemple remarquable d'une équipe étroite même là où ils semblent habiter des mondes stylistiques différents.

Ce disque est donc une affaire intéressante et provocatrice. Il a certainement quelque chose à dire et le dit très bien. C'est une expérience fraîche qui n'est pas loin d'être un concept 'correct' mais staid. Je suggère que c'est suffisamment 'différent' pour mériter une considération sérieuse pour les collectionneurs de multiples versions des œuvres. Je suggérerais également à ceux qui veulent une seule 'version' unique de trouver cela très rédempteur mais peuvent aussi souhaiter examiner d'autres versions plus centrales, telles celles de Perahia, Uchida ou Imogen Cooper par exemple.