Hédonisme et responsabilité - une éthique pour le plaisir

L'hédonisme, comme attitude de vie sociale est un phénomène, non pas neuf mais d'une ampleur inégalée, provoquant un débat profond sur le plan des valeurs et de la morale. Notre point de vue est optimiste et considère que les conditions actuelles de nos sociétés occidentales offrent le maximum de possibilités de réalisation « joyeuse» et créative et permettent à l'hédonisme, peut-être pour la première fois, d'être un principe organisateur durable de la société : faire de l'hédonisme une force réfléchie « au-delà du principe de plaisir », au service de l'organisation sociale et de la créativité, voilà notre propos, notre souhait, notre conviction. Nous sommes conscients du caractère utopique de la proposition. Car l'hédonisme est associé presque automatiquement à l'égoïsme sur le plan individuel, et à l'anarchie sur le plan collectif. Nous soutenons cependant que cet hédonisme peut être moralement désirable s'il inclut des valeurs qui dépassent notre individualité et qui obligent à le penser dans le rapport à l'autre et dans un débat critique sur les forces de pouvoir.
Ainsi, face au phénomène social et à la valeur collective que constitue l'hédonisme en cette époque, nous fixons les fondements d'une éthique relationnelle qui le limite autant qu'elle le garantit, éthique basée sur la relation intersubjective, enracinée dans la relation originelle à la mère et au père (les invariants), rejouée en chaque rencontre, continuée par le plein projet d'être soi tout en conservant le désir d'harmonie dans le face à face avec les autres dans l'organisation sociale. Nous énonçons les principes qui garantissent que l'hédonisme soit une force constructive désirable, une esthétique, et non une destruction.