ImportCDs When I Shoot At You With Arrows I Will Shoot To CD Américaine

J'ai dit quand j'ai recensé son premier album, je le répète ici : Micah P Hinson est pour moi le chanteur le plus intéressant, intense et poétique émergent au début du millénaire. Je répète cela après avoir entendu cet autre travail capital... L'album qui suit son fulgurant premier album est selon moi la chose la plus intenses qu'il ait fait. Intense, c'est déjà depuis le titre qui ne laisse rien à désirer. Mais la vie de Hinson n'a jamais été accommodante et il sait transporter ses tourments et son vécu dans sa musique (je me rends parfaitement compte que cela peut paraître un peu retorique, mais ceux qui connaissent cet artiste et sa musique savent que c'est ainsi). Pour les rares qui ne le connaissaient pas mais liront ces lignes, je leur demande simplement de se fier à moi. À chaque album, Micah change le nom de la bande qui l'accompagne... dans ce cas, il y a les 'Musiciens de l'Apocalypse', pour donner une idée du climat de cet album (pour me faire pardonner le titre donné à cette critique qui ne voulait pas être blasphématoire). Hinson n'a jamais été un homme des thèmes simples, des chansons folk languides et seraines. Mais il n'a jamais été aussi sombre et tendu que dans ce cas. Et même la décoration sonore ici atteint son apogée. Vous comprenez dès les premières notes de 'Je cherche la vérité pas une dague dans le dos' que vous êtes devant quelque chose de magique, de atemporel. Vous comprenez par cet arrangement calme, souffert mais qui vous fait quand même sentir la poussière du désert texan. Vous comprenez par cette guitare électrique que vous sentez en l'air, dont vous devinez la menace suspendue qui ne se révèle pas. En entendant un morceau comme celui-ci, vous comprenez ce qu'est cet artiste, Micah P Hinson. 'Le sommeil des damnés' s'anime d'un rythme presque de danse mais c'est une danse spettrale et il ne peut être autrement vu que les invités sont des damnés. Impressionnant est 'Fous votre sagesse'. Dans le livret, il y a les textes et je vous invite à traduire celui-ci... Le contraste avec la voix chaude de Hinson et sa guitare acoustique qui paraît caressée est évident. Mais parfois les messages les plus durs arrivent mieux si confeccionés dans cette manière. Et puis ces quelques notes d'un pianoforte manifestement désaccordé... c'est juste un instant mais cela fait comprendre ce que représente l'arrangement de cet artiste. La title track commence douce, élegiaca, la voix double de Hinson, une slide, la ritmique doucissime, l'acoustique, serait tout homogène si ce n'est le contraste avec les mots qui arrivent au cœur comme une flèche. Mais ce n'est pas la flèche de Cupidon cette fois, comme promis par Hinson, ses flèches sont celles qui détruisent et voici que l'on reste vraiment désarmé devant telle beauté souffrante. Puis c'est à 'Petits espaces' d'augmenter la tension, d'augmenter le volume, la puissance en watt, une secousse d'adrénaline qui sert à lui et à nous après la cupezza accumulée jusqu'alors. Un morceau nécessaire mais qui ne vous prépare pas à ce qui arrive ensuite, qui ne vous prépare pas à 'Mon sang appellerait vers toi depuis le sol', encore seulement guitare acoustique et voix, l'essentiel pour proclamer l'espoir... Il n'y aura plus de douleur dit Micah. Qui clôture 'Les crânes du Christ', instrumental, qui ne sont pas rock, folk ou avanguardia mais peut-être est-ce tout cela mis ensemble, peut-être sont-ce les mille âmes brisées de Hinson qui se heurtent, peut-être est-ce la confusion qu'il a en lui et c'est presque triste d'avouer que son mal-être puisse être utile pour nous offrir 9 minutes de musique définitive. J'ai utilisé peut-être trop d'images retoriques et je ne suis pas une personne retoricue par nature mais cet album m'a fascinée comme peu d'autres et je voulais envoyer un message... Je n'aurais pu dire que cet album est... un chef-d'oeuvre fait et fini. J'ai dit cela en me dilungant un peu.

Ce disque de Micah P Hinson est vraiment bien, même s'il ne constitue pas l'une des meilleures œuvres de l'artiste. La précieuse édition mais mal finie car dans mon cas, le vinyle est ovalisé.