Warner Music Antonio Pappano - Rossini: Stabat Mater, CD Classique

Ce Stabat Mater est une œuvre assez étrange qui se situe à mi-chemin entre religiosité et lyrisme opératique. On y trouve des morceaux de bravoure, comme le 'Cujus animam', où Pavarotti a fait des étincelles dans la version Kertèsz, ainsi que des moments de méditation, des éclats choraux et des fulgurances orchestrales. L'œuvre est plus proche de l'univers de l'opera seria que du 'Barbier de Séville', ce qui en fait un visage de Rossini intéressant à connaître. La version de Pappano est vraiment réussie, grâce à sa direction dynamique et engagée, ainsi qu'à la qualité du choeur et de l'orchestre. Joyce DiDonato et Lawrence Brownlee sont particulièrement remarquables dans leurs rôles.

Dans cette œuvre lyrique dont le livret est religieux, il faut un chef qui sache équilibrer cette dualité opéra-prière et qui puisse s'appuyer sur un quatuor vocal homogène de premier ordre, sur un grand orchestre et une masse chorale. Antonio Pappano a dirigé, à l'Académie Sante Cécile de Rome, autant dire qu'il est expert dans ce genre d'œuvre 'énorme'. On est loin du Stabat Mater si religieux de Pergolèse !
On a finalement pas mal de versions de cette œuvre, je signale celles de Kertesz (selon moi, la meilleure), Giulini et Chailly. Le quatuor vocal de Pappano ne vaut pas celui de Kertesz (Pavarotti et Sotin ! Mais aussi Lorengar et Minton), mais on est à un très haut niveau. Le ténor Bronwlee a un chant très élégant. La basse d'Arcangelo reste humaine (ce fut un très beau Philippe II de Verdi). La mezzo Di Donato a des aigus puissants, mais la soprano Netrebko se force un peu pour dramatiser.
Chaque soliste réussit donc son 'moment' et j'apprecie particulièrement ici le traitement très dynamique des parties purement chorales (l'expérience de Pappano à l'opéra).
Enregistrement studio de 2010 (il y a finalement peu de chefs qui puissent réunir sur leur nom de telles effectifs pour des enregistrements studio, très couteux)

La composition de Rossini est tout simplement incroyable. J'ai eu la chance, à l'occasion, d'y faire attention et j'en ai été abasourdi. Habitué à écouter Rossini, et pas seulement dans le répertoire habituel, ce qui m'a frappé sont les tonalités utilisées, la dramatisme de la musique. Presque il ne semble pas être de Rossini.
Cette enregistrement rend au mieux tout cela grâce à une grande orchestre symphonique comme celui de Santa Cecilia dirigé avec maîtrise par Pappano. Le casting est exceptionnel, tous très bons. Les voix sont belles et agréables à écouter dans chaque chanson. Enfin, le grand chœur est le grand protagoniste de la composition.

Je suivais depuis 2010 la version originale de cette œuvre. La version dirigée par un maestro italien et son orchestre est la plus réussie à mon avis, car elle rend justice au génie de Rossini. Cette version sonne très actuelle et très puissante. Les voix solistes s'adaptent parfaitement à l'œuvre. Il existe d'autres œuvres en CD dirigées par Pappano avec l'orchestre et le chœur de L'Accademia Nazionale di Santa Cecilia, toutes très recommandables. Parmi celles que j'ai, je préfère celle-ci et le Stabat Mater de Pergolesi également dirigé par Pappano. Tous les artistes qui participent à ces enregistrements sont des véritables maîtres du métier.