
La Faim
ISBN La Faim, Littérature, Français, Livre broché
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En trois séquences consacrées successivement au père, à la mère et au fils, Mohammed el-Bisatie raconte en peu de mots, avec une pointe d'humour noir, la vie dans un village égyptien d'une famille extrêmement pauvre et qui manque de tout, de pain, de considération, de liberté,mais qui parvient malgré tout à conserver sa dignité. Le père, Zaghloul, ne travaille qu'un jour sur dix. Il passe son temps à rendre service aux autres sans rien leur demander en échange. Le ventre vide mais l'esprit vif, il écoute attentivement les conversations des clients du café. Celles d'un groupe d'étudiants en vacances, tout particulièrement, qui s'interrogent sur Dieu et la destinée humaine, le taraudent au point d'aller en parler au cheikh le plus savant du village, riche commerçant de son état, qui le frappe et l'insulte. Un vieil homme opulent et obèse lui procure du travail mais la mort de ce dernier le renvoie à sa condition première. La mère, Sakina, rêve de travailler dans la Grande Maison où vivent dans le luxe hajj Hachem et sa femme, servis par deux bonnes. Elle y parvient après la mort de la dame et obtient même que sa famille puisse la rejoindre la nuit pour manger avec elle. Ce moment de répit prend fin lorsque le hajj, peu de temps après, disparaît à son tour. Elle quitte la Grande Maison en regrettant de n'avoir pas pensé à se remplir le ventre avant de rentrer dans sa masure. Zaher enfin, le fils, qui a douze ans, s'attire la sympathie du mitron qui le laisse emporter chez lui les galettes de pain à moitié brûlées. Un enfant de son âge lui fournit aussi de la nourriture à l'insu de ses parents. Mais le premier est chassé par son patron, et on interdit au second de fréquenter un miséreux en loques comme Zaher. Après l'avoir vilipendé, le père de son ami lui tend avec mépris une gallabeyya propre mais Zaher la jette par terre, en signe d'affirmation de la dignité familiale. Dans ce roman en trois mouvements, Mohammed el-Bisatie raconte, non sans une pointe d'humour, comment cette famille égyptienne parvient, malgré son extrême pauvreté et la marginalisation dont elle est la victime, à préserver sa dignité humaine.
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Voici l'histoire d'une famille extrêmement pauvre. L'auteur nous conte la survie de cette famille face au pire des défis : comment se nourrir soi-même ainsi que ses proches. Le quotidien et les secrets de la famille sont mis en scène dans une suite de saynètes, révélant leurs humeurs et réactions à chaque défi qui se place sur leur chemin... Un homme fainéant mais avec des sursauts d'orgueil et de vaillance, une femme qui ne demande qu'à pouvoir saisir sa chance et une amitié quasi-fraternel sont les grands traits d'un roman touchant et concis.
Mohammed El-Bisatie est l'écrivain des petites gens, des marginaux et des miséreux. De ceux qui sont heureux quand ils peuvent faire un repas par jour, aussi frugal soit-il. Dans La faim, il brosse le portrait d'une famille sans ressources, à travers un triptyque qui met en scène, successivement, le père, la mère et le fils. Comme trois courts-métrages qui conviennent parfaitement à son style qui s'épanouit dans les récits brefs, lui qui est également un nouvelliste réputé. Le roman est sans cesse sous-tendu par une question lancinante, qui est surtout angoissante pour la mère : aurons-nous à manger ce soir ? Le père, lui, est un peu absent, comme un homme qui accepte la fatalité. Il sort toutes les nuits et épie les conversations de la rue, entend des mots qu'il ne comprend pas toujours et qui le taraudent longtemps après. Le fils, lui, se débrouille, se lie d'amitié avec un mitron qui est 'copain' avec le feu. Il y a parfois des jours fastes, quand le chef de famille trouve un emploi au café du village, qu'il quitte cependant très vite parce que les clients ont insulté sa mère. Son épouse, un temps, vient à servir le notable du coin, qui ne tarde pas à mourir. Ces gens-là souffrent, ont souvent des crampes d'estomac, mais ils ne se plaignent pas et refusent la pitié. C'est le propre d'El-Bisatie que de leur garder leur honneur, à travers une écriture criante de réalisme, mais jamais misérabiliste, surtout pas. Il a aussi ce talent des conteurs orientaux, celui d'instiller de la poésie et un humour discret à son récit. A travers ce livre, en filigrane, on sent aussi physiquement la fracture entre les privilégiés, une minorité, et les plus démunis, bien plus nombreux, évidemment. En attendant une révolution populaire, qui sait ? La faim était en lice pour le Goncourt arabe 2009. Amplement mérité eu égard à ses immenses qualités.
Dommage que l'enveloppe était un peu trop juste pour la taille du livre (Actes Sud fait des livres 'hauts' !), l'angle a été un peu écorné. Délai parfait
Ce roman est un véritable portrait de l'Egypte quotidienne. L'auteur nous plonge dans les difficultés de la vie des gens ordinaires, leur lutte pour survivre et leurs préoccupations quotidiennes. Le ton est triste mais réaliste, avec une touche d'ironie qui rend le récit plus engageant. Je recommande vivement !