Warner Music Euroarts - Berliner Philharmoniker - EUROPAKONZERT 2007 from Berlin, DVD Classique

Un concert de musique classique de Brahms joué dans une usine peut paraître risqué, mais Rattle et le Berlin Philharmonic ont réussi à en faire un DVD très agréable. La performance est excellente et la qualité sonore est grande. Ce qui me plaît particulièrement, c'est l'équilibre parfait entre les solistes et l'orchestre. Dans beaucoup d'enregistrements du Concerto pour deux pianos de Brahms, les solistes sont trop en avant-plan. Mon seul petit point noir, c'est que la limitation des possibilités de placement des caméras a conduit à voir trop souvent le chef d'orchestre et les solistes, et pas assez les autres instrumentistes.

Lorsque je suis en train d'écouter la première partie de la quatrième symphonie de Brahms, j'ai remarqué des sauts sonores inhabituels. J'avais pensé que c'était peut-être dû à une rayure sur le disque et j'en ai donc fait le retour pour obtenir un nouveau exemplaire. Malheureusement, même avec l'exemplaire neuf, cela se produit toujours. Il semble donc s'agir d'une caractéristique du disque. La qualité de la performance musicale elle-même n'est pas mauvaise……

Simon Rattle dirige autant avec des grimaces et des sourires que avec son bâton. Ses grimaces sont généralement des demandes d'intensité, tandis que ses sourires semblent principalement être des félicitations pour les passages bien joués. Vous verrez beaucoup de ces deux expressions dans ce DVD d'une performance au Berlin Kabelwerk Oberspree, usine convertie en espace concert. Rattle a une certaine affinité pour la musique de Johannes Brahms, pour la fusion brahmsienne de vigueur intellectuelle et d'honnêteté émotionnelle. Cela semble à mes oreilles, de toute façon. Il est utile, naturellement, qu'il dirige le Berliner Philharmoniker, qui a Brahms comme langue maternelle.

Le Double Concerto pour violon et alto est la dernière œuvre symphonique de Brahms et celle-ci n'a pas toujours été pleinement appréciée. Il faut une impulsion constante du chef d'orchestre, un équilibre serré de l'orchestre, des phrasés décidés des solistes, et une participation de tous les intervenants, y compris le public. La force motrice dans cette performance est le celliste Truls Mørk, qui a fait ce composition son propriété particulière. Mørk peut être scandinave mais il n'est pas un émotionnel, ni avec son alto, ni avec son langage corporel. C'est la violoniste géorgienne Lisa Batiashvili qui projette une sérénité et une réserve, comme si ses répétitions des phrasés de Mørk étaient une réponse adulte à des questions passionnées d'un enfant. Rattle comprend leur dynamique et l'accompagne habilement. Si la cohérence est une nécessité esthétique pour la performance du Double Concerto, cette performance en est à peu près aussi bonne que possible.

Et ce suivi par le Quatrième Symphonie de Brahms en mi mineur, un ouvrage si bien construit qu'il joue presque lui-même. Avez-vous jamais entendu une 4e de Brahms qui n'a pas engagé à la fois votre esprit et vos sens ? Cette performance satisfait à tous les deux. Le contrepoint rigoureux de Brahms est agréablement renforcé par l'insistance de Rattle sur la transparence et la révélation des voix intérieures et des timbres. En même temps, Rattle explore les sensibilités changeantes - les mélancoliques/ méditatifs contre les robustes/exubérants - sans perdre l'unité. Bravo, M. Simon !

Les deux ouvrages symphoniques de Brahms sont précédés par un exercice d'accordage alanguissant et mélancolique, composé par le maître Wagner, que certaines personnes ont inexplicablement considéré comme pair de Brahms. Brahms n'a pas eu de pair musical parmi les Allemands du 19ème siècle.

Un véritable festin pour les amateurs de Brahms. Deux des chefs-d'œuvre du maître ont été magnifiquement interprétés par l'orchestre de spécialité : le Berlin Philharmonique. Il n'y a plus rien à ajouter. (Note aux amateurs de Brahms ; consultez la nouvelle enregistrement de Rattle et des Berliners sur EMI des symphonies 4 de Brahms, c'est un enregistrement magnifique. Je pense que l'enregistrement de Klemperer de la fin des années 50 et du début des années 60 sera pour le 20e siècle ce que je crois que l'enregistrement de Rattle sera pour le 21e : un repère. Je ne voudrais pas avoir l'un ou l'autre.)