
ISBN 9782221190296
ISBN 9782221190296, Français, Livre broché, 352 pages
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Comment une alchimie, celle de l’alcool éthylique sur le cerveau humain, a-t-elle pu produire des univers culturels et symboliques aussi puissants ? C’est le sujet de cette réflexion autour de l’ivresse.
Au sens propre, l’ivresse vient d’un joyau végétal, soit la vigne, soit des céréales transformées en boisson, source de vie. Mais les symboliques se sont emparées dès l’Antiquité de cette transformation mentale, de cette métamorphose de la conscience, au-delà de la raison, de la logique, de la prison du réel. Parente de la folie, de la transgression, du rêve, l’ivresse première, celle du vin et de tous les alcools, boissons et « eaux-de-vie », suscite dès l’Antiquité de superbes symboliques. En Grèce, c’est le dieu contesté Dionysos, repris par les Romains sous le nom de Bacchus, entraînant des cortèges de ménades, de satyres, de bacchantes, mêlant exaltation et sexualité, violence « comique » (le komos grec est un cortège priapique) et plaisir._x000D_
C’est aussi la vigne, don divin, qui provoque chez l’innocent patriarche Noé un scandale associant l’impudeur à l’inconscience._x000D_
Célébration de la vie, l’ivresse est sacrée. Ses effets sont excessifs et contradictoires. L’ego ebrius est seul dans la communion affective du Banquet selon Platon. L’ivresse est associée aux artifices dangereux des paradis imaginaires. De même que le dieu-monstre Dionysos, inspirateur de toute création, est rejeté au nom d’Apollon, mais actif en nous, l’ivresse est condamnée et célébrée. Les éducateurs spartiates enseignent à leurs enfants le mépris de l’« ilote ivre » ; Rabelais exalte les « bien ivres », adorateurs de la Dive Bouteille._x000D_
Car l’ivresse, pouvoir physique de boissons divines, s’évade vers d’autres vertiges. Amoureux, mystiques, transcendants, fervents, témoignent tous d’ivresses sans nul alcool. Ils ou elles sont ivres de passion, de bonheur, de Dieu, d’humanité, mais aussi ivres de pouvoir, d’argent, de colère, de haine…_x000D_
Le domaine privilégié des ivresses immatérielles est certainement celui de la création artistique et poétique, jusqu’à l’exigence du « dérèglement de tous les sens » (Rimbaud). Et existent aussi l’ivresse du savoir, de la raison, celle du mathématicien, celle de l’ingénieur._x000D_
Selon les époques et les civilisations, on perçoit des territoires majeurs de l’ivresse : Antiquité gréco-latine, Moyen Âge occidental, islam arabo-persan, Chine et Japon, avec leurs poètes, leurs artistes, leurs musiciens, leurs penseurs, leurs mystiques._x000D_
De Matisse à Hiroshige, de Baudelaire à Hâfiz, de Rabelais à Nietzsche, de Proust à Kerouac et tant d’autres…
Linguiste, lexicologue, philosophe du langage, figure emblématique de la rédaction des Dictionnaires Le Robert, Alain Rey a publié de nombreux ouvrages sur la langue, la sémiotique et la littérature. Ses précédents ouvrages illustrés par Lassaâd Metoui, Le Voyage des mots et Le Voyage des formes publiés en 2014 chez Trédaniel, ont connu un grand succès._x000D_
Lassaâd Metoui est un calligraphe d'origine tunisienne. Outre ses titres publiés avec Alain Rey, il a illustré de nombreux livres de Jacques Salomé, Khalil Gibran ou encore Malek Chebel.
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