Le monastère des deux Saints Jean

Pour marquer le centenaire de l'auteur de Tempo di Roma, réédition d'un récit en forme de parabole où se rencontrent mystique et sensualité.
Malgré les bruits de guerre, le Sinaï reste la péninsule magique où l'eau sourd des rochers et où l'Eternel peut toujours apparaître au centre d'un buisson ardent. Deux voyageurs en quête d'aventures y découvrent, au fond d'une oasis, un mystérieux couvent copte. Ils y trouvent refuge et y étanchent leur soif. Le frère Jean, commis par l'Higoumène au soin des étrangers, leur révèle que ce monastère est le champ clos où s'affrontent les deux saints Jean et leurs adeptes : celui de l'hiver, où la lumière est la plus vive et la plus courte,
l'Evangéliste ; et celui du solstice d'été, le Baptiste... Ils découvrent alors que, dans une de ses acceptions au moins, Jean le Baptiste supporte toutes les hérésies ariennes, niant de près ou de loin la divinité du Christ, tandis que l'autre reste le symbole de la théologie la plus orthodoxe.
Les voyageurs emmènent avec eux le frère Jean, provisoirement défroqué et curieux de voir le monde...
Sous le grand affrontement de l'un et l'autre solstice, où la nature, les hommes et la culture semblent converger en un même désir de l'Autre, c'est un message nietzschéen que l'on perçoit, comme si le feu de la divinité résidait effectivement en d'improbables points d'eau : le bien et le mal sont ici-bas complémentaires, comme les vautours et les gazelles, les cadavres et les sources. A l'image de ses deux héros indissociables, l'écriture d'Alexis Curvers est, elle aussi, comme un alliage d'eau et de feu : non moins ardente que limpide. Prenez et lisez, vous ne serez pas déçus !