Le Siècle de Freud

Pour Zaretsky, la psychanalyse constitue la première grande théorie postulant que chaque individu possède une identité distincte de la place qu'il occupe au sein de sa famille et dans la société. Considérant que l'apport majeur de Freud a été de théoriser la dissociation qui intervient à la fin du XIXe siècle entre l'individu et la société, Zaretsky explore l'histoire de " l'intériorité ". Il situe la psychanalyse dans le contexte de la seconde révolution industrielle et retrace son " âge d'or ", son " époque classique " et son déclin, à partir des années 1960, lorsque l'économie de production de masse cède la place à une économie globalisée, fondée sur le service et l'information.
Ce faisant, l'auteur s'attaque au paradoxe de l'héritage de la psychanalyse. D'une part, la psychanalyse s'est révélée une force d'émancipation, jouant un rôle essentiel dans les années vingt (avec l'explosion du modernisme), puis dans les années quarante et cinquante en Angleterre et aux Etats-Unis (avec les bouleversements après la seconde guerre mondiale), et enfin dans les années soixante, avec les mouvements de libération de la femme et les revendications homosexuelles. D'autre part, elle a pu conforter les tendances conservatrices, favoriser l'anti-féminisme et l'homophobie, encourager le consumérisme et devenir une profession décriée, une pseudo-science dont la survie est désormais problématique.
Zaretsky identifie et affirme la dimension émancipatrice de la pensée analytique sans nier la validité de certaines critiques à son encontre et la nécessité de repenser son héritage.