Flammarion Le Mépris livre Littérature Français

On se demande pourquoi, de nos jours, pratiquement aucun écrivain ne sait écrire comme Moravia.
Un auteur qui aurait vu, comme Moravia, autant de ses écrits devenus des films.
Si ce livre force l'admiration, c'est par son style à la fois naturel et fluide, par cette intimité qui se crée entre le lecteur et son auteur, par la qualité des descriptions physiques et psychologiques.
Par rapport au film de Godard, la différence est grande. Les images et le jeu des principaux acteurs rachètent la pauvreté du scénario, sa mauvaise adaptation, en se demandant si Godard a bien compris le roman...
La musique il est vrai, de Georges Delerue, ajoute un peu de grandeur à ce film.

Pour en revenir au roman, il est la signature d'un grand génie littéraire, qui semble être peu lu de nos jours, malgré le succès des nombreux films qui ont été tournés. À croire que les lecteurs n'aiment que les daubes et méprisent ce qui est admirable.

J'ai acheté ce bouquin en ayant beaucoup d'attentes. Je dois avouer que je n'ai pas été déçue. Le livre est arrivé très rapidement et en parfait état (comme toujours). Concernant le livre, je l'ai terminé en une soirée. Dès le départ, on s'accroche à cette histoire, à cet homme qui n'est plus aimé de sa femme et qui ne comprend pas pourquoi. On s'attache à lui et on souffre avec lui jusqu'au bout. Une histoire arrivée à tellement de personnes... et toujours d'actualité. Le thème de l'Amour... encore et toujours. Je recommande vivement.

... parce que la réalisation de Godard et l'écriture (le texte de Moravia) se magnifient l'un l'autre pour nous offrir la vision d'une problématique triangulaire éternelle. Les Dieux, les Hommes, le Cinéma.

Le mépris est un roman intelligent.

Ricardo, le narrateur, prend conscience que sa femme ne l'aime plus, qu'elle le méprise. Il se rationalise à tel point que son épouse (et le lecteur) sont étouffés par ses questions sans fin. Noyé dans son analyse, il ne perçoit pas ses erreurs : ses renoncements, son indécision, sa lâcheté. Il n'a ni le courage de se résigner, ni celui de changer le cours des événements. Il reste un intellectuel pathétique qui a vendu son talent et (symboliquement) sa femme pour des besoins bourgeois.

Les psychologies de l'homme, de la femme et du couple sont finement détaillées et parlent à ceux qui ont vécu ce type d'épreuve. Le héros est obsédé par certaines réflexions qui peuvent alourdir le récit. L'analyse de Moravia est remarquablement subtile.