Pas plus que son bateau, aux lointains airs de navire de pêche, Wulff-Hansen n’est tout à fait de ce monde. Sa vie s’est enfuie à vau-l’eau, en d’incertains périples - aimable divagation dont la bière et le whisky, partout ingurgités à tonneaux, lui ont miséricordieusement voilé la misère…Mais à l’heure où l’égarement va toucher le point de non-retour, il arrive que des hommes, dont le destin semblait joué, se redressent soudain sous les lames dont la haute mer les accable.On ne sait par quelle grâce - ou quel obscur entraînement à une forme supérieure de courtoisie - ils donnent à leur ultime cabriole, du fond même des ténèbres, l’élan d’un irréprochable pas de danse.Thomas Wulff-Hansen est de ceux-là.Il aura suffi que sa route croise celle d’un jeune homme qui lui ressemblait comme un fils pour que, dans le havre éclatant de l’éternité retrouvée, il puisse aller jeter l’ancre.