Raisons de vivre

Les personnages de toutes les nouvelles de Dimitri Bakine sont des gens qui, en fixant leur regard d’une manière intense, obstinée, le plus souvent obsessionnelle, sur un autre personnage (comme dans «Lagophtalmie» ou «Raisons de vivre») ou à l’intérieur d’eux-mêmes («Pays d’origine», «Défense armée»), arrivent à cette clarté absolue, à une extase suprême que seul un regard mystique peut procurer. Bakine, né en 1964 dans la région de Donetsk, appartient à cette première génération d’écrivains post-soviétiques qui n’ont pas de «comptes à régler» avec un passé placé soit sous le signe du compromis soit sous celui de la dissidence. Bravant les contraintes de la vie littéraire dans son pays déboussolé, Bakine, qui gagne son pain en conduisant une dépanneuse du réseau téléphonique, travaille avec un soin extrême chaque phrase de ses nouvelles en créant ainsi ce qu’on pourrait appeler des «modèles du genre».