De l'esprit des institutions militaires

Auguste Frédéric Louis Viesse de Marmont (1774-1852), né à Châtillon-sur-Seine, comblé d'honneurs par Napoléon qui le nomma gouverneur de l'Illyrie, duc de Raguse, maréchal d'Empire, participa à la plupart des guerres de l'Empire, notamment en Espagne, à la campagne d'Allemagne, en 1813, et à la campagne de France, en 1814.
Cependant, après avoir dû signer la capitulation de Paris, il se rangea aux côtés de Talleyrand et de Schwartzenberg et, au lieu de couvrir Fontainebleau, où Napoléon s'était retiré, il dirigea ses troupes vers la Normandie, rendant ainsi inévitable l'abdication de l'Empereur. Sous la Restauration, son nom donna lieu à un sobriquet : au lieu de dire " trahir, trahison ", on disait " raguser, ragusade ".
Il commanda les troupes royales pendant les journées de juillet 1830, ce qui porta à son comble l'impopularité que lui avait value sa défection de 1814. Il se retira alors de la vie publique et mourut à Venise. Son exil nous vaut cet essai, le plus important de la pensée militaire française du XIXème siècle, dont l'influence a été considérable. Si son essai se veut essentiellement théorique et philosophique, Marmont a le mérite d'éclairer ses affirmations par des exemples tirés du vécu des guerres napoléoniennes, ce qui renforce l'intérêt de ses écrits.
Entre la théorie générale de l'art militaire et la philosophie de la guerre, il traite de l'organisation des armées telle qu'il la conçoit ainsi que de la meilleure façon de mener les diverses opérations de guerre.